A l’approche des élections locales, régionales, fédérales et européennes, la Fevia présente son mémorandum. Quinze propositions pour un avenir durable grâce à une industrie alimentaire forte. Le plus grand secteur industriel du pays n’a pas eu la vie facile ces dernières années et plaide pour quatre points concrets : la concurrence loyale avec les pays étrangers, la cohérence, la faisabilité et la sécurité juridique. Ces ingrédients devraient garantir un avenir à long terme au secteur le plus savoureux de notre pays et à son approvisionnement en denrées alimentaires.
En tant que petit pays, la Belgique doit tenir compte de la politique de ses voisins. Lorsque des entreprises allemandes, françaises et néerlandaises reçoivent des subsides ou des aides d’État, cela pèse immédiatement sur la concurrence avec nos entreprises. La Fevia demande que nos entreprises alimentaires reçoivent le même soutien que les entreprises de nos pays voisins. Il en va de même pour les taxes : si les produits sont plus taxés en Belgique que dans les pays voisins, les achats transfrontaliers augmentent immédiatement. C’est une perte pour nos entreprises alimentaires et leurs employés, pour le consommateur belge (qui s’éloigne) ET pour le gouvernement (qui perd des recettes). Ce raisonnement vaut également pour les coûts salariaux. En 2023, le handicap du coût salarial en Belgique n’était pas moins de 29,1 % en moyenne par rapport aux pays voisins. Pour chaque heure travaillée, nous sommes donc en moyenne près de 30 % plus chers que nos voisins. Cette situation fait fuir les investisseurs au lieu de les attirer et rend la concurrence beaucoup plus difficile pour nos entreprises. C’est pourquoi la Fevia demande que le handicap du coût salarial soit éliminé et que les taxes soient réduites, afin d’atteindre des niveaux comparables à ceux des pays voisins.
La fragmentation des compétences entre les différents niveaux politiques et à l’intérieur de ceux-ci est source de complexité, d’incohérence et d’inefficacité. Cela inhibe l’esprit d’entreprise, en particulier pour l’industrie, qui est l’épine dorsale de notre économie. La Fevia demande la création d’un « ministre de l’industrie » qui garderait une vue d’ensemble des compétences, ainsi qu’une plus grande coopération et une consultation structurelle avec les fédérations industrielles. De cette manière, nous devons parvenir à une véritable politique industrielle orientée vers l’avenir, également adaptée à notre industrie alimentaire, et dans laquelle la compétitivité, l’innovation et la durabilité occupent une place centrale.
Toutes nos entreprises sont conscientes de la nécessité d’opérer une transition verte et se préoccupent énormément de leur consommation d’énergie. 90% des membres de la Fevia sont des PME. Les PME ne savent pas toujours comment aborder cette transition. En fait, elles voient arriver un tsunami de réglementations, d’initiatives et d’obligations. C’est pourquoi nous demandons aux décideurs politiques de mettre à disposition des spécialistes de l’énergie pour soutenir les PME dans la mise en œuvre de mesures d’efficacité énergétique.
Enfin, il est également nécessaire de disposer d’une sécurité juridique et d’un cadre stable afin que les entreprises sachent clairement quels investissements et quelles actions sont conformes à la politique de demain. Il est important qu’elles puissent récolter les fruits de leurs investissements, qui s’étalent souvent sur plusieurs années. Pour ce faire, elles doivent non seulement obtenir les autorisations nécessaires rapidement, mais aussi pouvoir compter sur la continuité. Une politique de « stop and go » est un frein à l’entreprise et à l’investissement. Prenons l’exemple de la réutilisation de l’eau pour l’irrigation : il faut un cadre juridique clair qui rassure les différents acteurs et permette d’investir en connaissance de cause dans de grands projets.
Une politique cohérente avec une vision d’avenir devrait offrir des perspectives et de la stabilité à nos entreprises. Pour garantir notre approvisionnement alimentaire à l’avenir et ne pas devenir dépendants des pays étrangers, nous devons nous concentrer sur l’ancrage local d’une industrie alimentaire et d’une chaîne agroalimentaire fortes. Nous envoyons un signal fort à nos décideurs politiques et fournissons des pistes concrètes pour créer un cadre dans lequel notre industrie alimentaire belge peut prospérer. Nous pouvons être fiers de notre patrimoine gastronomique belge. L’industrie alimentaire fournit non seulement des aliments et des boissons de haute qualité, innovants et durables, mais elle crée également de l’emploi, de la prospérité et du bien-être pour notre pays. Chérissons cela et garantissons-le à long terme !
Bart Buysse
CEO de Fevia